La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

dimanche 2 septembre 2012

Le vent d'été

Au bout du corridor, les chambres des enfants. Maison de bruit, de courants d’air, portes battues et courses de sandales. Une horde d’enfants qu’il fallait contenir, puisque c’était le temps des vacances communes, une théorie de cousins, de parents, une grand-mère levée tôt, des repas à heures fixes sur la table Henri II dont les rallonges semblaient n’avoir pas de limites. Il faudrait vous nommer, enfants, mais pour l’heure vous m’êtes masse indistincte, masse non, élan pur d’énergie, vous êtes les infatigables, ceux que rien ne crève, ni les agrès du club de gymnastique, ni les pêches dans les rochers, ni la nage dans l’eau froide pourvu que sous le parasol une mère attende, le panier plein de tranches de pain et de carrés de chocolat. Un temps d’avant l’individu, d’avant que ne poussent les seins aux filles, le duvet aux garçons. Un temps d’avant la fuite et les désirs, sous un soleil donné comme évidence. Vous me revenez, hordes d’enfants bronzés, cuivrés, roux, blonds, châtains au plus sombre, vous me revenez en courant, mais je n’ai pas le temps de vous saisir que déjà il ne reste plus de vous que le sable que vous rapportez, des traces de pas mouillés sur l’escalier de la cuisine, des draps de bains qui sèchent au nord, claquant au vent. On vous retrouve dans le jardin grillé par la mer, grimpant dans les cupressus, on entend vos cris surgir des fusains dorés que les tempêtes ont taillés, blottis derrière les murs de pierre, émergeant à peine, rusant pour malgré tout s’élever. Sous leur ombrage, chat perché et balle au chasseur. C’est un lieu où les ballons ne durent pas, où les volants échappent aux raquettes, et les cheveux aux peignes. Les courants d’air, le vent, la course des enfants.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire