La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

mercredi 18 décembre 2024

Enfermé dehors

Il ne tue pas l'aimée celui qui se retourne: le ci-devant s'inverse qui dans sa volte-face embrasse un simulacre puisque sitôt retourné, le voici revenu sur sa promesse. Les souvenirs s'évanouissent et s'impose le malheur de n'être plus qu'à rebours de son désir, mort à soi-même mais interdit d'enfer, enfermé dehors, sur la lèvre de la blessure forclose. Pas une plainte, pas un soupir de la promise ravalée, tandis que repoussé sur terre il subit les oiseaux qui s'enivrent d'argouses. C'est un éden désolé, où sa lyre grelotte d'écailles disjointes de la carapace. Douleur à faire pleurer les pierres et tomber les dents des tigres, douleur qui suspend le vol des émouchets, peine qui s'insinue comme lançon dans le sable et scintille d'un éclat d'acier  par la dentelle du rivage. 

Qui s'est retourné vers n'a pas tué l'aimée. L'avenir se cogne à sa nuque pendant que sa voix d'eau de roche invente l'élégie, quand déjà le thyrse des mégères déchire la herse des taillis, se heurte aux branches des lauriers.