Sans titre

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Tal Coat

dimanche 29 septembre 2024

A la chaleur du poêle

 On a refait du feu, la maison est humide, la braise nous ranime, on brûle le saule-pleureur mort voici deux ans, c'est un bois léger qui se consume vite, flammes élégantes, cendres fines, pas un bois pour l'hiver, nous n'en sommes pas là. Là où nous sommes, nous faisons comme si la paix allait durer, des efforts de fleurs, de potager, de cuisine, de chats repus sur les fauteuils, une vie paisible, mais les écrans hurlent et des visages tordus de haine éructent des obscénités, qu'ils crèvent dit un jeune imbécile dont le père a été quelqu'un, je ne veux la mort de personne, pas non plus celle du jeune crétin, je veux accueillir l'étranger, celui qui fuira le cyclone, les bombes, les tyrans, la faim, je veux envisager l'autre, vivre en bon voisinage, et tout homme m'est prochain.

mercredi 25 septembre 2024

Passe avec la pluie

 Ce qu'il y a dans le bruit de la pluie, le clapotis clair sous les nuages gris, peu de lumière mais un hachis d'espaces indéfinis, ce qui se dit du temps qu'il fait tant pis, ce qu'on a fait du temps aussi, c'est à l'averse qu'on se plie, baleine tordue de parapluie, on perle trempé, perclus, soupir.

Enfant tu lançais des pierres dans les flaques et la boue t'étoilait des bottes au kabig rouge, et parfois nous y sautions à pieds joints -l'âge bête, disait la mère, l'âge bête cela expliquait tout mais n'excusait pas les taches de boue.

On ne court plus sous la pluie, on ne glisse plus dans la boue, c'est le temps qui pleut et fuit, nous laissant comme pierres au lit, moi fourbu presque à terre, toi dessous.

dimanche 15 septembre 2024

Non-anniversaire

Tu aurais eu soixante ans hier mais non, dix années bientôt  que tu ne vieillis plus. Au cimetière les anniversaires, ta tombe  je n'y suis jamais revenu, pas voulu pas pu, choisit-on seulement ce qu'on fait? Le temps décide pour nous, le temps, certaines réticences, j'entends par là qu'albums photos, pèlerinage et chambre verte, très peu pour moi, je n'ai pas les yeux en dedans, non pas besoin, chaque jour je me souviens de toi, je n'y peux rien, telle lumière le matin, le sourire de ta fille quand elle vient , une chanson de Stéphane Eicher que tu aimais bien, ça qui revient, ni reliques ni talismans, du vivant, du sensible, tu reviens avec le vent, la pluie sur les roses Meilland, les grains de beauté d'un enfant, ton souvenir de la chaux vive, le non-anniversaire d'Alice.