La ville au bord de l’eau

La ville au bord de l’eau
La ville au bord de l’eau huile sur toile, 1947 Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris

mardi 30 juillet 2024

Volets fermés

 Il fera chaud ce jour, j'ai fermé les volets pour garder la fraicheur, comme je l'avais appris en Espagne jadis, en vacances: on se levait tôt, on allait au marché, on rentrait faire la sieste, pour ne sortir qu'au paseo, diner tard, se coucher quand enfin l'air revenait. A Casa, on versait de grands seaux sur les carrelages de septembre, quand l'été n'en finissait pas. Je n'en suis pas là, mais j'ombre la maison basse tapie dans le bocage, le soleil est monté d'un cran, il faut s'en garder, attendre la pluie promise pour la nuit.

jeudi 25 juillet 2024

La joie des flaques

Sous la pluie revenue,  reprendre au ciel gris de l'enfance, la teinte des étés perdus. Que faire des enfants qui s'ennuient les jours d'été pluvieux, les femmes avaient des stratégies, tissaient leurs ruses douces entre parties de Monopoly, préparation de pâte à crêpes, promenades en Kway sous l'averse -ça se lève, disait immanquablement la mère, ça se lève- et nous macérions sous la toile enduite, la sueur nous trempait, pas la pluie, c'était là l'essentiel, il fallait être hermétique. Les flaques, c'était la revanche des enfants sur le sort, on y sautait à pieds joints, on y brouillait le reflet du ciel maussade, on s'éclaboussait, exaspérant celles qui avaient décidé de la promenade par devoir, par hygiène, on ne sait pas trop bien: c'était le culte du bon air en ce temps là, les enfants c'était comme les bêtes, il fallait les sortir, les fatiguer, ainsi on les coucherait tôt, on aurait la paix, mais non, les enfants sautaient dans les flaques, les enfants s'énervaient qui seraient privés de crêpes, c'était la menace, personne n'y croyait.

lundi 8 juillet 2024

Le bel été

 Il pleut ici comme un été de ma jeunesse. Les hortensias n'ont pas grillé, nous dormons fenêtres fermées les nuits sont fraîches. Les grives s'enivrent de cerises, les chats guettent l'aubaine, il pleut sur le lapin qui mange les fleurs de trèfle. La catastrophe est remise à plus tard, ailleurs, aux feux de Californie, à la montée des eaux -une carte dessine les nouvelles îles les possibles atlantides, les futurs fjords et jeunes abers. Mais pour l'heure il est permis de vivre et nous respirons ici mieux qu'hier même si chacun sait  le moment fragile et l'accalmie trompeuse, n'importe, on a cueilli deux kilos de groseilles, un de cassis, et ce soir c'est confiture (les gelées nous ennuient).