Le jour ne veut pas poindre, on le comprend, on voudrait bien hiberner comme on dit, rester dans l'indécis, le gris de gris, cette ivresse brumeuse sans autre perspective que la nuit toujours prochaine on s'y ferait si l'on pouvait rester au lit. Il a neigé, il pleut, la mare se remplit qu'on distingue à peine. Des semaines sans aller au bout du jardin, on s'y crotterait jusqu'à l'âme, pas besoin, elle pèse déjà son poids de nuages, des nuages, déjà ce serait bien, ça dessinerait une perspective, un horizon dans le lointain, mais le brouillard c'est du rien qui s'accroche aux arbres et nous étoupe l'espérance.
Le ravaudeur n'a pas collecté toutes les pièces du puzzle. Le ravaudeur ravaude, j'entends par là qu'entre les morceaux de sa peine il suture, et que suturant il renonce à l'unité de ce qu'il rassemble et sa tâche c'est de faire tenir ensemble, et son travail un manteau d'Arlequin.
Sans titre
Tal Coat
jeudi 26 janvier 2023
mercredi 18 janvier 2023
Anomalie
La neige est revenue, comme anachronique, plâtrer les champs du plateau, et le froid pas si froid, nous l'avons perçu comme une anomalie -l'anomalie c'est nous. Puis le ciel se fend d'une lame bleue, les perce neige font leur travail, bien trop tôt, certes, mais dans le chaos, qui pour les accuser de se tromper de tempo, quand pointent déjà les bourgeons des jonquilles? Mi janvier, tout bourgeonne que la neige recouvre et brûle, les oiseaux ne savent plus chanter, les hérissons consanguins ne savent plus hiberner (nous leurs volons jusqu'aux feuilles mortes de leurs nids), ils crèvent de la teigne, de faim, de froid, d'étourderie sur les routes fatales, ces routes que la neige blanchit pour quelques heures, et déjà les traces de roue promettent des jours de boue, d'herbe détrempée, d'eau qui -c'est ce qu'on espère- viendra remplir la mare.