Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

vendredi 22 avril 2022

Las le temps non

Ce qu'il est advenu, ce qui s'est passé, je ne sais, pas plus, ce qui s'est cassé, tous les miens disparus ou presque, et le ciel inchangé semble-t-il -c'est faux, même le ciel est affecté, même le vent qui fait neiger les merisiers n'est pas le même. Le temps nous est passé dessus le temps bientôt ne passera plus, et les nuages voués à s'évanouir ne prendront plus la forme de nos rêves -d'ailleurs nous ne rêverons plus. Nous plantons des arbres pour conjurer le sort, ils brûleront lorsque l'été décidera de l'incendie et nous fouillerons dans les cendres en espérant trouver nos chats. 
On se réveille, on est vieux, les derniers à vieillir, ça qui est arrivé. Les hêtraies vont griller, les chênes se rabougrir -je sais comment on fait- les derniers à vieillir, jouir du printemps c'est se mentir, le chant des oiseaux il est vrai, grive ne saurait nous trahir, mais les oiseaux sont abusés qui désirent quand il n'est plus temps de nicher, quand le temps n'est plus, que nul n'a plus le temps.

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