Nous préparons nos enfants obèses, nos fils aux pouces hypertrophiés à porter des treillis qui les boudinent un peu. Ils piloteront sur des écrans plus plats qu'eux des drones, et c'est avec une cruauté d'enfant -cet âge est sans pitié- qu'ils décimeront à distance les loqueteux qui, pour un bol de soupe, traversent les déserts, meurent congelés dans les soutes, forment des grappes de misère sur des barques que leur nombre manque de faire couler. Ils veulent, avant la fin de la grande fête, leur part du balthazar, à défaut ils se contenteraient des reliefs du banquet.
Il n'y aura pas de corps à corps, il n'y a plus de corps du tout: les corps de nos enfants sont noyés dans la graisse et leurs rêves contenus dans les consoles de jeu. Les corps qui affamés voudraient tendre vers nous, ces corps-là qui se cambrent pour sauter les barrages, ces corps qui s'évanouissent pour éviter les coups, ces corps se noient en mer et nous les regardons sombrer, ces corps-là se dissolvent et nous faisons tout pour qu'ils disparaissent, les corps noirs et creux de la faim. La guerre approche, d'ombres et d'os, où nos enfants gras finiront par fondre.
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