Le ciel désordonné nous fait son numéro d'été, brûle l'herbe, hache les champs, étoile les pare-brise, brise les toits des serres, effeuille le figuier qui ressemble à l'hiver, n'étaient ses fruits pourrissant, tossés par les grêlons, qui pendent aux branches comme couilles de vieillards. Les clématites ne couvrent plus le mur, les glaïeuls ne fleuriront pas, les rosiers grimpants rampent, tiens, le liquidambar a de nouveau perdu la tête. Nous ne goûterons pas le premier bergeron, il reste deux pêches à l'arbre et le marronnier du voisin, en tombant chez nous, a brisé net le nashi, qui git là feuilles et fruits couchés sur l'herbe. Le poirier penche qui épousa le vent, des fuchsias il ne reste rien, le vieux lilas s'est fendu en deux -les vieux manquent de souplesse.
Au téléphone on attend, on déclare, on sinistre, on apprend que les bosses sur la voiture ne seront pas réparées, mais qu'il existe une indemnité pour préjudice esthétique; que le jardin est assuré pour ses aménagements, qu'on peut faire changer les portiques, et le nashi si le cœur nous en dit. On fait revenir le couvreur, les velux posés la semaine passée sont cabossés de la carène, on appelle son frère qui est paysagiste, puisqu'il faut un devis pour remplacer portiques et nashi, on appelle un installateur de véranda -la nôtre a le toit percé, on dépose des photos dans le dossier sinistre, on est moderne on tape 2 parce que non pas de dégât des eaux, on explique ce qu'est un nashi au conseiller, l'eau est revenue mais pas internet, ah si, quant au courant, il va et vient, mais les chats vont bien, on les avait mis à m'abri.