Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 7 septembre 2014

Transparentes de Croncels

Nous n'aimions pas les pluies de septembre: elles entraînaient le tas de sable où nous trompions notre ennui, le dissolvaient, et apparaissaient à sa base des veines de terre noire hostiles à nos jeux.
Le sable, il avait fui par la pente, il avait fondu dans la nuit, malin, il avait trouvé le moyen de rejoindre la mer, et nous avait laissés sur le bord du chemin. On aurait voulu qu'il nous emporte, on aurait voulu faire plage avec lui, mais non. Nous nous vengions alors sur les pommes pourries, tombées de l'arbre pendant la pluie, dont, d'un coup de talon rageur, nous faisions des compotes à cru. Des compotes à cru de transparentes de Croncels, précoces, fragiles, ennuyeuses, juteuses du jus de notre ennui.

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