Ca revient, trois ans ta mort, les tulipes dans le jardin, cette année elles n'y sont pas encore, il a neigé lundi dernier, je ne suis plus que le temps qu'il fait, j'erre seul comme un nuage et les jonquilles me sont un soleil médiocre. Tu es morte avant les oiseaux, mon aérienne, il n'y a plus guère d'alouettes dans les champs à l'aplomb de leurs nids, plus de chants d'alouettes au dessus des champs, tu es morte avant, toi aussi tu volais droit et haut, tu chantais faux, je sais pourquoi et qui a brisé l'harmonie. Il n'y en a plus pour longtemps dans un monde sans moineau ni passereau, pourtant je voudrais vivre encore et chanter le printemps même si ce n'est plus qu'un leurre, un décor peint par Monsanto -on sait le nom des assassins. La lumière revient pourtant frapper mes carreaux, tu sais c'est con mais j'aime encore, quelqu'un que j'aime, un lyrique un ténor, une hirondelle, l'oiseau de bon augure dont je voudrais qu'il fasse le printemps.
Le ravaudeur n'a pas collecté toutes les pièces du puzzle. Le ravaudeur ravaude, j'entends par là qu'entre les morceaux de sa peine il suture, et que suturant il renonce à l'unité de ce qu'il rassemble et sa tâche c'est de faire tenir ensemble, et son travail un manteau d'Arlequin.