Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mercredi 28 septembre 2016

Ton rire

Tu fus une petite fille sage, sérieuse, grave, on ne savait pas pourquoi, quel poids suscitait ta réserve, on sait désormais. Je riais plus que toi, je parlais plus que toi, tu as parlé tard, pour parler tu t'en remettais à moi, le bavard, l'énervant, mais je ne t'énervais pas. J'aimais ton rire, l'entendre fêler ton quant à soi, mais toujours dans ton rire un je ne sais quoi de retenu, un rire raisonnable, qu'on rapprochait à tort des sourires rares de l'aïeule: la mère du père, parangon de vertu janséniste, était chiche en joie, pas toi. J'ai toujours su te faire rire, je peux me vanter de ça, jusqu'au bout t'avoir fait rire, cette légèreté-là, ce que je pouvais donner que tu n'avais pas, quitte à chanter du Céline Dion, chanter "Parler à mon père", quelle ironie pour nous cette chanson, danser tous contre toute raison, toi, Philippe, les enfants, rire en dansant, vivre encore.

1 commentaire:

  1. Traduction en italien de Rosaturca, merci à elle encore une fois...
    http://bologna40125.altervista.org/archives/1530?doing_wp_cron=1477753651.5389618873596191406250

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