Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mardi 12 janvier 2016

Lettre morte

Philippe a retrouvé le brouillon de tes lettres, il me le dit au téléphone, sa stupeur, ces brouillons au milieu des cours d'internat qu'il allait jeter, la douleur de te lire écrivant au père, à tante Marie aussi, écrivant pour dire ce qui fut. Je n'ai pas lu ces lettres, tu m'en avais parlé. Ce que je sais, tu y nommais l'inceste, sommais le père de le reconnaître, de s'excuser. Restée lettre morte la lettre, le père ne sait pas dire pardon, le père s'absout d'avance, le père n'a jamais répondu de rien, le père nie devant l'évidence, le père persiste et va très bien, merci.
Quant à nous qui te portons nous avons cœurs et poings serrés.

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