Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

samedi 21 novembre 2015

La fenêtre de la tour Rouxel

La veille de ta mort, j'accrochais un bibelot chez maman lorsque Philippe m'a appelé, happé, tu étais tombée à l'hôpital entre ton lit et la salle de bain, tombée le matin, tu reconnaissais mais tu ne disais presque plus rien, c'était la fin. Il fallait que Thalie te voie vivante une dernière fois, Bastien il était déjà là, Philippe l'avait emmené, Thibaud il l'avait appelé, il prendrait le premier train. J'ai conduit Thalie de Vannes à Rennes, il faisait tiède et beau, tous deux très calmes, adoucis par O tempo de Marcio Faraco, la bossa sied à mars. Le soleil se couchait sur les faubourgs de Rennes, la zone commerciale de la route de Lorient aux hideurs ordinaires. Ta fille m'a montré l'étage du magasin Rouxel, un étage sans raison apparente que tes enfants qualifient de tour, percé d'une fenêtre absurde. J'étais passé cent fois devant, je ne l'avais jamais vue. Pour tes enfants, cette fenêtre est une énigme joyeuse, un signe surréaliste, qui toujours s'ouvre sur le rêve, et qui cette fois encore a fait sourire Thalie. Dix minutes après nous étions dans ta chambre, tu as trouvé la force d'un mot pour elle, j'ai pris ta main et j'aurais tant voulu te dire qu'à mon tour j'avais vu la fenêtre de la tour Rouxel.

1 commentaire: