Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mardi 4 août 2015

Un chat noir dans le buddleia

Ce matin la lumière semble entrer de tout bord, toutes les fenêtres chantent l'été, et s'ouvre ainsi celle d'où le chat noir avait sauté pour attraper un papillon, le seul chat que nous ayons eu, tombé de la fenêtre dans l'arbre aux papillons, un buddleia aux grappes mauves dont le chat sortit comme si de rien n'était. Quel âge avions-nous? Je ne sais, une dizaine d'années sans doute, c'était à Port-Lin, c'était en juillet, ces années-là se répétaient des éternités de vacances, de pieds sableux et goudronnés, de serviettes mouillées qui claquaient au vent, de cheveux blondis et salés, de bronzage insolent. Tous les étés étaient semblables, pains de seigle aux raisins qui calaient les quatre heures, la tante rousse blottie dessous le parasol qui tricotait des pulls savants sans jamais aller se baigner, les guinées collectées dans des boites d'allumettes, les bateaux taillés dans des os de seiche, ornés de voiles de papiers. Les mats n'étaient pas bien centrés, ils chaviraient donc systématiquement, sans nous décourager: il y avait tant à faire, il y avait tant à vivre dans ces étés répétés où bientôt le chat noir manqua, mais où les papillons ne cessent de butiner.

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