Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

samedi 1 août 2015

Lili aussi

Tu sais, le père part et revient dans la famille bruissante de ta mort. On y chuchote - c'est une famille qui chuchote- qu'il vit au Canada désormais, soit et qu'importe, je sais qu'il n'y trouvera pas la paix, que ce qu'il fuit, il l'emporte avec lui.
Pascale, à son tour, lui a écrit. Quelques jours après ton enterrement elle m'a demandé son adresse. J'ai regardé dans les pages jaunes, n'ai trouvé que la Salicorne, c'est là que la lettre est partie, là qu'elle restera sans réponse, il ne répond jamais, il n'a rien à répondre: on lui renvoie le mal qu'il fit, il se tait ou il nie, le nom des petites filles comme une litanie, Flavie, Claire, Pascale, Lili - puisque Lili aussi, c'est ce qui sourd de la famille, Lili aussi. La litanie est incomplète, la litanie n'en finit pas, combien d'autres inconnues, combien encore qu'étrangle le secret dont il a ceint leurs cous, combien de parties de cache-cache, combien de jardins, de buissons, combien de fois sa main sur leurs bouches? Atterré dans le matin calme, sans toi je n'ai plus que les mots j'écris j'aurais voulu qu'on parle j'écris: Flavie, Lili aussi.

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