Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

lundi 22 juin 2015

Te reconnaître

A la fin du sonnet d'Arvers, l'aimée demande quelle est donc cette femme?, ne se reconnaît pas malgré ces vers tout remplis d'elle, comme il est dit si gauchement.
Qui te reconnaîtra ma sœur, ma consanguine, mon manque ma frangine, puisque te voilà sans connaissance? Dans ces lignes qui ne parlent que de toi, que reste-t-il de toi, j'entends de toi vivante, te reconnaîtrais-tu dans les traces que je collecte? Ce que j'écris n'est ni tombeau ni épitaphe, pas le camée de ton profil en taille douce sur la nacre, ni le keepsake de notre enfance, pas si dorée, pas si jolie. Des bris, des bouts, des bribes semblables à ce que la vague balbutie au bord des bords de mer, ma sœur de bois flotté, ma sœur de coquillages, ma sœur de verres polis à force d'être roulés, de grappes d’œufs de seiches desséchés, d'os de seiches pour cage à oiseaux, de carapaces roses, de touffes de mucus et de plumes de mouettes, sous ces oripeaux qui te reconnaîtra, qui te verra vivante comme je te vois?

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