Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 12 avril 2015

A la neige

Reprenons, tu le veux, je le dois. Fouillons l'enfance en moi puisqu'elle fut notre enfance à quelques trous noirs près. Premier lieu où tu m'apparais, Mulhouse, je crois, la pelouse rase de l'immeuble, une luge qui ne glisse pas. Sans doute, avant, des images, mais je n'en suis pas sûr, es-tu à Mourmelon au pied de la maison, devant les fleurs de fraisier, près de la coccinelle bleu ciel? A Mulhouse c'est sûr, tu parles déjà, et déjà tu parles beaucoup moins que moi. A Mulhouse tu es encore, aussi, ce bébé joufflu qui sourit, les cheveux bruns encore et moi moins blond: nous commençons d'inverser nos couleurs. A Mulhouse les courses à Inno dans la dauphine pourrie de Lucienne Martini, t'en souvient-il? Je ne sais pas. Près de Mulhouse, le premier ski, te rappelles-tu? Trois gnomes sur les skis du père glissant sur une pente à vaches, Ballon de Guebwiller, Ballon d'Alsace, qu'importe, les gnomes pris par la vitesse, accrochés comme grappe au père, guirlande de gnomes, collier de nains, nous tombons un à un et toi la plus petite la première à tomber, avant Jean-François Martini, je fus le dernier à décrocher des cuisses du père, comme c'est étrange d'y penser aujourd'hui. Ballon d'Alsace, de Guebwiller, ce goût de neige dans la bouche des gnomes enfouis.

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