Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mercredi 31 décembre 2014

Vision d'après le phare

Ma vision je l'ai eue dit-elle, d'un trait brun d'aquarelle, ma vision, j'ai eu ma vision, et qu'importent la fin du tableau, les heures d'indécision, les yeux plissés à scruter l'invisible, qu'importent ma virginité fanée et les amours que je n'ai pas vécues. Sur nos plages changeantes, par la maison venteuse il a fallu marcher dans l'ombre des enfants grandis. Combien de crépuscules sans voir le rayon vert, combien de morts dans l'ombre des portes, de visages rongés par l'oubli? Ma vision je l'ai eue cela me justifie dit-elle dans un sourire qui tend son visage froissé de vieille demoiselle, où pleurent, délavés, des yeux d'aquarelle.

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