Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

vendredi 4 avril 2014

L'emporté

Nous ne savions pas que le vent viendrait, et que d'un souffle, il emporterait la maison, les livres, les petits cochons. Nous étions jeunes et nous nous donnions à la nuit, nous avions arraché les manches de nos chemises à carreaux, et jamais nous ne demandions le nom de qui osait l'étreinte et le baiser. Nos vies suintantes dans la fumée des bars se tenaient au comptoir où nous guettions l'entrée d'un christ avantageux. C'est le vent qui s'est engouffré, et nos mirages évanouis, et les livres effeuillés, et les petits cochons envolés sans qu'on puisse crier au loup.

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