Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

samedi 22 mars 2014

Trois vieillards

J'aime les vieillards indésirables qui contemplent mélancoliques la beauté des jeunes gens dans les villes lentes du sud. A Lisbonne, à Rome, sur le port d'Alexandrie, ils s'attablent dans des cafés et attendent que le temps passe. Peut-être voudraient-ils être aimés des jeunes gens, peut-être ils font tinter la monnaie dans leur poche, rêvant d'un improbable satori. Ou, plus simplement, ils leur diraient aux jeunes gens, qu'il faut se hâter d'aimer quand il est temps, mais quelque chose les retient. Qui sont-ils, pour ainsi prétendre donner leçon, qui sont-ils Sandro, Fernando, Constantin assis le journal à la main à voir passer les gens? Ils ont laissé passer l'instant, ils ont vu se refermer sur eux les possibles et baisser le soleil. Alors, à l'ombre des cafés tranquilles, aux fond des villes lentes du sud, ils se taisent et regardent les jeunes gens.

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