Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

dimanche 8 décembre 2013

Au gui l'an neuf

Et c'est décembre en somme, j'entends là des nuits froides et des jours de vœux pieux. Fêter me fatigue dans ce pays fatigué où nous gavons les enfants et dressons les coqs dont nous aiguisons les ergots en attendant que la marée monte.
Nous nous survivons entre boule de gui et griffures de houx, nous nous embrassons sous ces bouquets toxiques, dans la promesse verte et rouge d'une éternité végétale.
Nous avons gavé des oies dont nous gavons des enfants, tandis que nous mâchons les jupes grises d'huitres plus vivantes que nous, nous buvons sans ivresse, nous baisons sans plaisir et nous marchons fardés dans la ruine de la beauté amère et nos joues sont poudrées de nos propres cendres.
Enfants, enterrez-nous avant la première danse du dernier bal: nous sommes morts et ne le savons pas. Nous voulons tuer la vie qui nous échappe. Enfants sauvez-vous.

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