Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mardi 30 novembre 2010

Tropisme

Ils voudraient se dire qu’ils n’ont pas changé, mais ce serait mentir, les rides elles sont là, et le ventre aussi, jusqu’aux yeux qui sont usés. Ils ne se retrouvent pas, on ne se retrouve jamais, il a oublié jusqu’au nom des enfants, jusqu’à leur nombre, il demande des nouvelles de cette femme qu’il a toujours trouvé stupide, et voilà tout va bien, pas de nouvelles. Des dents, des cheveux en moins. Trois garçons ? – Putain ! Pas d’enfants pour lui. Toujours seul ? Non pas seul. Mais pas d’enfants alors pas de questions possibles. Changé de voiture ? Deux fois déjà depuis quatre ans. Quatre ans déjà ? Qui le croirait ? Tu ne vieillis pas. Il vieillit. La voiture, cossue, en témoigne. Ca m’a fait plaisir, il faudra venir, viens dîner un soir, on est très pris mais viens dîner, elle a fait des progrès c’est devenu très bon, tu m’appelles, hein, on t’attend, hein, t’oublies pas, ça m’a fait plaisir, tu n’as pas changé.

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