Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

lundi 22 novembre 2010

Le sens du retour

Il faudrait que ce soit lui qui te revienne : on les connaît les histoires, on les a chantées, les rengaines, paraboles et Sylvestrik ; sur la grève de Saint-Michel, il pleurerait, le vieux bonhomme, et je ne veux rien savoir des filles qui chanteraient la chanson de son fils. Tu aimerais sans doute qu'on se fonde dans les légendes, tu aimerais, c'est sûr, fondre en larmes en public, mais il te prévient, il a les yeux secs. Les larmes il se les garde qui lui permettent de voir clair.
Je te propose une autre issue : il revient en effet. Il a vaincu le monstre au fond du labyrinthe. Aucune fille ne chante son nom, mais Ariane abandonnée se lamente et l'agonit d'injures. Le vieux qui n'en peut plus d'attendre n'arpentera pas la grève, mais grimpe au promontoire, pour scruter les lointains, crier sa joie, hurler son deuil, selon la couleur de la voile. Or on l'a laissée noire. Le père se précipite, que le fils, de ses yeux couleur d'huître, regarde tomber droit comme pierre dans la mer où se noie son nom.

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