Nicolas de Staël, Face au Havre

Nicolas de Staël, Face au Havre
Nicolas de Staël, Face au Havre

mercredi 13 octobre 2010

Bordures 2

Elles ont des maillots de satin, elles portent des shorts en lycra, elles montrent des jambes interminables à l’orée des allées. Les camionnettes devaient coûter trop cher : il est patent que les nouvelles filles baisent dehors, et qu’ainsi elles baiseront l’hiver les lèvres gercées par le gel parmi la rouille des ronciers. D’où venez vous, hétaïres à cent sous ? On croit lire sur vos visages entrevus le temps d’un feu rouge, forêt de Saint-Germain, des masques andins, mais on peut se tromper, on ne prend pas le temps de s’assurer, de quel réseau dépendez vous, Colombiennes au bustier lacé, trébuchant dans le sous-bois sur des talons incongrus, grues offertes aux phares, qui dès le matin nouez aux branches basses de la lisière des sacs de plastique blanc comme jadis rouges luisaient les lanternes aux maisons ? On peine à vous deviner une histoire, mais ne doutez pas qu’on la cherche, et que les sacs noués sur les branches en balise de votre commerce, on en respecte la grammaire, tant vos malheurs y sont écrits, quand le sac veut bien se gonfler de vent.

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